L’Occitane part en quête de startups à impact positif avec son fonds Obratori
Comment l’innovation peut-elle répondre aux enjeux actuels en matière de mieux vivre et mieux consommer? C’est de façon très concrète qu’Obratori répond à cette question à travers sa structure hybride entre fonds d’investissement et accélérateur. Situé à la Cité de l’Innovation et des Savoirs à Marseille, Obratori soutient déjà 11 startups et recrute activement tout au long de l’année pour en aider d’autres à se développer.
Obratori a vu le jour fin 2018 à l’initiative de Reinold Geiger, PDG du groupe de produits cosmétiques naturels L’Occitane. «Avant de reprendre L’Occitane, et de poser les bases d’un groupe aujourd’hui internationalement reconnu, il a eu plusieurs expériences entrepreneuriales. A travers Obratori il souhaite ainsi apporter l’aide et le soutien qu’il n’a pas eu à l’époque, à ceux qui ont le courage d’entreprendre et de créer leur société», explique Julie Géret, directrice de la communication.
Avoir un impact positif
Sous la bannière du «mieux vivre et mieux consommer », les secteurs visés sont larges. Le fil rouge: que les services ou produits proposés réinventent, de manière positive, nos modes de vie et de consommation. «Il y a trois grands secteurs: le well-being/ bien-être qui englobe les startups dans les cosmétiques, les compléments alimentaires ou encore l’e-santé. A cela s’ajoute toute la partie Tech for Good orientée par exemple vers les packagings, les nouvelles façons de distribuer. Puis, on retrouve la RetailTech avec des solutions plus digitales mais qui permettent également une meilleure consommation et organisation», résume Delphine Oung, responsable des investissements pour Obratori.
Obratori ne fonctionne pas via un système de «promotion» annuelle ou trimestrielle, les startups peuvent donc postuler et intégrer le programme tout au long de l’année. Un comité se réunit tous les mois pour les sélectionner. A la clé? Un accompagnement de 23 mois et un investissement compris entre 50 000 et 200 000 euros avec une entrée minoritaire dans le capital. «Nous voulons laisser aux fondateurs leur indépendance. Il est important pour nous qu’ils aient les mains libres, cela reste leur projet. Nous ne voulons pas du tout prendre le contrôle de leur structure», explique Julie Géret. A noter qu’Obratori n’accélère que les projets dans lesquels il investit, les deux sont donc indissociables.
Les startups visées sont celles en phase d’amorçage qui cherchent à réaliser une première levée de fonds. Pourquoi ce choix spécifiquement? «Ce sont des startups qui sont très jeunes. Elles ont mis du capital elles-mêmes ou se sont appuyées sur de la love money. Ce dont elles ont besoin pour commencer leur mise sur le marché est d’un peu de carburant, de cash, ainsi que de soutien et d’ouverture de contacts», explique Delphine Oung.
Déodorants clean & épicerie connectée: deux exemples de startups soutenues
Parmi les startups accélérées, on peut par exemple citer Paper Cosmetics, la première structure étrangère a avoir intégré le programme en janvier 2021. Basée à Los Angeles, elle propose une gamme de déodorants solides réalisés uniquement à partir d’ingrédients naturels et proposés dans des emballages biodégradables. Outre le feeling avec les fondateurs, l’équipe d’Obratori a aussi apprécié le fait que le «concept soit jusqu’au-boutiste», avec également un marketing et une communication «forte». L’investissement dans la startup a été réalisé en partenariat avec la business angel américaine Cristina Carlino, fondatrice de Philosophy Skincare.
Ce premier investissement a permis à Paper Cosmetics de produire de nouveaux lots ou encore d’accélérer sa communication et son développement commercial. Obratori l’a aussi aidé sur la partie « contact » puisque L’Occitane est implanté aux Etats-Unis. Il est également prévu que Paper Cosmetics poursuive son développement en France et plus largement en Europe où les locaux de l’accélérateur pourront lui servir de siège européen avec à la clef des créations d’emplois à Marseille. La Beautytech qui ne vend pour l’instant qu’en ligne est aussi accompagnée sur les différentes étapes à franchir pour envisager dans le futur de diversifier son mode de distribution, notamment en wholesale.
Autre exemple d’entrepreneurs qui ont su convaincre Obratori: ceux de Bocoloco. La startup propose des produits en vrac bio dans des bocaux en verre connectés. Le client peut ensuite récupérer le prix de son contenant grâce à un principe de «consigne connectée». Ce système avec réemploi s’intègre pleinement dans la démarche écologique et éthique de la startup. Bocoloco a rejoint l’accélérateur en juin 2020. Depuis, Obratori a aidé la startup à se développer et à affiner sa stratégie pour qu’elle puisse croître rapidement.
Un pari réussi puisque la société, qui à travers son site Internet et son application, ne livrait qu’à Paris à son arrivée est maintenant disponible dans toute la France depuis mars 2021, «avec toute la logistique qui suit», ajoute Delphine Oung. Bocoloco a également depuis ajouté un volet B to B à son activité en proposant des offres aux entreprises. «Il y a eu beaucoup de mises en relation et d’échanges», poursuit la responsable des investissements. Là aussi, Obratori est intervenu en co-investisseur avec des acteurs du secteur alimentaire qui peuvent apporter leur expertise sur la FoodTech.
Obratori se voit également comme un startup studio et est ouvert à l’idée de créer lui-même une équipe autour d’une innovation, qui pourrait par exemple provenir d’un laboratoire de recherche.
Les candidatures étant ouvertes toute l’année pour les startups, il n’y a pas de nombre limite. «Ce serait bien de maintenir un rythme de croisière d’une dizaine d’investissements par an», développe Delphine Oung. Même si Obratori privilégiera évidemment la qualité à la quantité.
Publié le 27 avril 2021
Retrouvez cet article complet sur le site French Web